L'oeil du Ravi : Ambiance : compétition ou collaboration ?

L’Idea camp, au-delà d’être une lessiveuse à idée, est aussi un concours. 25 participants seront primés avec des enveloppes allant jusqu’à 10 000 euros. Mais l’ambiance reste cool.

« Avant d’arriver là, j’avais un peu peur de ce que j’allais trouver comme ambiance. Si on allait se battre entre nous pour valoriser nos idées. Mais je me suis très vite rendu compte que non et que finalement on était plus dans une collaboration », témoigne l’espagnol Felipe Gonzalez, qui voudrait mettre en place une plateforme de vidéos numériques fonctionnant comme un service public et dépassant la censure, « un espace public digital ». Il explique que des groupes se sont constitués d’eux-même, les participants trouvant entre eux et leurs idées des atomes crochus.

Felipe vient de finir de manger, au niveau +3, et aujourd’hui c’était couscous royal. Il apprécie particulièrement le cadre et ces moments informels où les participants continuent de travailler. Les jeux en bois installés, la « chill zone », sont pour lui un endroit qui se prête très bien à l’échange. Justement, bien calé sur son transat, Lucas Linares souffle un peu : il n’est pas un « idea maker » mais ce designer basé à Nîmes a été invité par le hub local les Têtes de l’art à venir contribuer à cette dernière journée. En discutant un peu sur le côté abstrait de l’évènement pour les néophytes, la façon de pensée créative et puis, disons-le, le côté bobo de la manifestation, il loue le concept : « justement ce côté bobo… Qu’est-ce qui se passerait si on laissait ce genre d’initiatives à des mecs en costard-cravate qui ne poursuivent pas forcément un but citoyen. J’aime la méthode : collaboration, interculturalisme… J’attends de voir ce qui ressort de tout cela ce soir. »

A 14h30, les hostilités reprennent dans un sous-sol en mode chantier, designer par LN Boul. C’est le branle-bas de combat, les participants trimballent leur chariot avant d’aller jeter un coup d’œil à ceux des autres. Anna, l’artiste espagnole, qui retranscrit les 50 idées en dessinant sur une fresque s’active. Un peu plus loin, Catherine Lenoble, une artiste francophone basée à Bruxelles essaye de dessiner, difficilement, son idée. L’Idea camp est-il une compétition pour elle ? « On ne va pas se cacher, on est là pour être primé. Ce genre d’initiatives est très rare et c’est donc une opportunité importante pour nous. Mais on ne voit pas les choses uniquement via ce prisme. Beaucoup d’entre nous se connaissent plus ou moins. C’est l’occasion de renforcer nos liens, de mieux comprendre les idées de chacun et de resserrer nos contacts. Et puis il y a beaucoup de nationalités différentes, des Ukrainiens, Palestiniens… que nous n’avons pas l’habitude de voir. Cela permet de vraiment échanger, de capter des regards plus tranchés que d’habitude… » Elle finit en ajoutant une petite critique sur la place donnée aux femmes lors des Idea talk du matin : aucune. « Très dommage ».

Clément Chassot pour le Ravi